Yémen: l'épidémie de choléra risque de s'aggraver
La situation est particulièrement grave à Abs, la région la plus touchée par l’épidémie. Elle reflète la crise dans le reste du Yémen, un pays affecté par un effondrement du système de santé et des centaines de milliers de personnes déplacées par le conflit.
Dans le district d’Abs, la région la plus affectée par l’épidémie de choléra au Yémen, l’assistance doit être augmentée en urgence, selon l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières. La maladie se transmet par l’eau contaminée et les activités liées à l’eau et l’assainissement sont particulièrement vitales pour attaquer le problème à sa source.
« Dans le district d’Abs, nos équipes rapportent des conditions d’assainissement extrêmement mauvaises et un accès insuffisant à l’eau potable », explique Gabriel Sanchez, responsable du programme MSF au Yémen. « Ceci est clairement le facteur principal de dissémination de l’épidémie de choléra. L’accès à l’eau potable et l’assainissement étaient déjà un problème auparavant, mais sont devenus encore plus cruciaux aujourd’hui. Nous devons agir maintenant ou nous ferons face à une crise humanitaire encore plus grande dans les semaines et les mois à venir. »
Abs, dans le gouvernorat de Hajjah, a enregistré son premier cas de choléra à la fin mars 2017. Depuis, le nombre de cas a explosé et le centre de traitement mis en place par MSF dans la ville d´Abs a reçu jusqu’à 462 patients en un seul jour, plus que tout autre au Yémen.
Hajjah compte plus de 376 000 personnes déplacées pour une population estimée à deux millions, davantage que les autres gouvernorats du Yémen. Un quart de ces déplacés ont trouvé refuge dans le district d’Abs, vivant souvent dans des zones reculées sans accès aux services de base, afin d’échapper aux bombardements aériens et aux violences associées au conflit.
Dans les centres de traitements mis en place par MSF dans le gouvernorat de Hajjah, les équipes distribuent des kits de désinfection qui incluent notamment savons, pastilles de chlore, balais et serpillères.
« Au-delà du traitement des patients, il faut s’assurer que leurs domiciles soient désinfectés et que les sources d’eau soient purifiées au chlore », explique Cristina Imaz, coordinatrice logistique pour MSF. « Des points de distribution d’eau propre doivent être mis en place et les endroits où les gens se rassemblent, comme les marchés ou les stations de bus, doivent être pulvérisés au chlore régulièrement. Cependant, ces activités ne sont pas systématiques aujourd’hui. »
Depuis le début de l’épidémie de choléra fin mars, MSF a doublé le volume de ses activités d’urgence dans le district d’Abs. Les équipes de l’organisation ont traité plus de 12 200 patients atteints de choléra ou de diarrhée aqueuse aiguë. Ce chiffre représente un cinquième de tous les cas de choléra pris en charge par les équipes MSF dans neuf gouvernorats du Yémen et presque 5% de tous les cas enregistrés dans le pays selon l’OMS. Après deux mois d’augmentation exponentielle, le nombre de cas hebdomadaire a baissé pour la première fois début juillet mais des centaines de patients atteints par la maladie viennent encore se faire traiter.
Même avant l’épidémie, les équipes MSF présentes dans l’hôpital rural d’Abs avaient vu le nombre de consultations d’urgence, d’admissions pédiatriques et d’interventions chirurgicales augmenter de façon substantielle. Des épidémies de rougeole et de coqueluche, ainsi que des pics de paludisme ont également été rapportés – des pathologies qui devraient toutes être limitées ou sous contrôle. Dans l’ensemble, cela démontre clairement que le système de santé du Yémen, en manque criant de ressources et de personnel, s’est effondré.
MSF a commencé à apporter un soutien à l’hôpital rural d’Abs en juillet 2015. Le 15 août 2016, un bombardement aérien a touché l’hôpital, tuant 19 personnes dont un membre du personnel MSF et en blessant 24 autres. Peu après, MSF a retiré ses équipes de plusieurs structures de santé dans le nord du Yémen. En novembre 2016, MSF a repris son appui à l’hôpital d’Abs, avec 200 employés yéménites et 12 employés internationaux. MSF gère les unités d’urgence, de pédiatrie, de maternité et de nutrition de l’hôpital et a mis en place des cliniques mobiles et des sessions de conseil psychosocial pour la population.