Syrie: MSF appelle à la protection des civils et à un accès humanitaire sans entrave

Depuis décembre 2024, après la chute de l'ancien gouvernement syrien, nos équipes ont enfin pu accéder, pour la première fois en plus de dix ans, à des zones du pays où nous n'étions pas présents. Bien que la situation puisse se stabiliser dans les mois à venir, des tensions persistent entre certains groupes et communautés. MSF appelle toutes les parties à respecter leurs obligations en assurant la protection des civils, des structures médicales et du personnel de santé, et en garantissant un acheminement ininterrompu de l'aide humanitaire.

North West Syria Mobile Clinics. February 2023. ©Omar Haj Kadour
North West Syria Mobile Clinics. February 2023. ©Omar Haj Kadour

Depuis plus de dix ans, MSF gère, co-gère et soutient des hôpitaux ainsi que des centres de santé dans le nord de la Syrie, tout en apportant des soins médicaux essentiels à des centaines de milliers de personnes vivant dans des camps de déplacés. Les besoins humanitaires et médicaux restant considérables, MSF poursuivra ses activités dans ces zones.

Depuis décembre 2024, nos équipes ont été déployées dans plusieurs régions, notamment à Damas, Alep, Hama, Daraa et Deir ez-Zor, ainsi que dans d'autres gouvernorats afin d’évaluer les besoins, dialoguer avec les autorités et les acteurs de la santé, tout en apportant un soutien ponctuel et en fournissant des dons de matériel médical aux structures de santé et aux hôpitaux.

Expansion des activités de MSF

Alors que MSF poursuit son engagement à fournir des soins médicaux aux populations du nord-ouest et du nord-est de la Syrie, nous élargissons notre présence pour lancer de nouvelles activités à Damas et dans plusieurs autres gouvernorats. Nos équipes ont identifié des lacunes dans le système de santé, ainsi que des besoins en santé mentale et en promotion de la santé. Elles ont ainsi entamé un dialogue avec les autorités et divers acteurs pour approfondir l’évaluation des besoins.

Face aux urgences immédiates, nos équipes ont rapidement apporté une réponse dans les gouvernorats d’Alep, d’Idlib et de Hama en mettant en place des cliniques mobiles quotidiennes, en distribuant des dons médicaux et des articles non alimentaires, et en apportant un soutien en eau et assainissement. Parallèlement, elles poursuivent l’évaluation des besoins dans d’autres gouvernorats et ont déjà commencé à intervenir dans l’un des principaux hôpitaux de Damas ainsi que dans un autre établissement situé dans le gouvernorat de Daraa.

Une crise des personnes déplacées loin d'être terminée

Bien que les hostilités à grande échelle aient cessé en Syrie, la crise du déplacement, autrefois considérée comme la plus grave au monde, est loin d’être résolue. Des millions de Syriens restent déplacés à l’intérieur du pays, sans possibilité de retour. Leurs villes et leurs maisons ont été détruites, et après près de 14 ans de conflit, ils ont tout perdu. Contraints de vivre dans des camps surpeuplés, ils font face à un accès insuffisant aux services de base, à des conditions d’hygiène et d’assainissement précaires, ainsi qu’à une pénurie de produits essentiels. L’incertitude demeure, et malgré une accalmie relative, les violences persistent à plus petite échelle dans plusieurs régions, entraînant encore de nouveaux déplacements massifs.

Fin novembre 2024, plus de 100 000 personnes ont fui leurs maisons dans le nord d'Alep en raison de l'escalade des hostilités, cherchant refuge dans le nord-est de la Syrie. Déjà confrontée à d'importants défis humanitaires, cette région voit ses ressources encore plus mises à l’épreuve par l’arrivée de cette nouvelle vague de déplacés.

De nombreuses personnes déplacées vivent dans des structures d'accueil improvisées, comme des écoles et des stades, où les conditions sont précaires. Ces centres n’étaient pas préparés à un afflux aussi massif et soudain, entraînant une surpopulation, un manque d’abris, des infrastructures sanitaires insuffisantes et un accès limité à la nourriture et aux soins de santé. Cette situation expose les populations les plus vulnérables à de graves risques, notamment à la propagation de maladies comme la rougeole et le choléra.

Un soutien accru nécessaire

Après près de 14 ans de guerre et deux ans après les tremblements de terre qui ont dévasté le nord-ouest de la Syrie, les besoins humanitaires et médicaux restent considérables. MSF appelle la communauté internationale des donateurs à augmenter son soutien et son financement en Syrie pour permettre de maintenir une réponse humanitaire à la hauteur des besoins.

Le système de santé syrien, comme d’autres services publics, montre des signes graves d’épuisement, alimentés par la crise économique, la négligence, l’absence de financement international, l'exode des professionnels de santé et les bas salaires de ceux qui sont restés. De nombreux services essentiels sont soit inaccessibles, soit de faible qualité, en raison de la pénurie de personnel, du manque de médicaments pour les maladies aiguës et du déficit en fournitures de base.

Environ 50 % des hôpitaux et des établissements de santé ont été contraints de réduire leurs activités ou de fermer complètement leurs portes avant la fin du mois de décembre 2024 en raison d'un manque de financement. Ce problème a également été signalé dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées.

L'absence d’une augmentation urgente et significative du financement destiné au système de santé syrien, tant en termes de volume, de couverture que de rapidité, aura des conséquences catastrophiques pour la population. Elle risquerait de perturber gravement les comportements en matière de santé et d’aggraver encore la situation déjà précaire des Syriens.

Quentin Barrea

Press & Media FR, Médecins Sans Frontières

 

 

 

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