Syrie : à Raqqa, le choix impossible entre bombardements aériens et champs de mines

Bonjour,

Vous trouverez ci-dessous un communiqué sur le dillemme effroyable imposé aux habitants de Raqqa alors que les combats s'intensifient pour le contrôle de la ville syrienne: se terrer dans la ville bombardée ou prendre le risque de fuir en traversant la ligne de front et les champs de mines. Active dans les camps de déplacés et plusieurs hôpitaux de la région, MSF appelle l'ensemble des belligérants et leurs alliés à assurer la protection des civils.

Pour info, des interviews sont possibles.

Cordialement,

Raphaël Piret

Syrie : à Raqqa, le choix impossible entre bombardements aériens et champs de mines

Selon MSF, alors que les combats s’intensifient pour le contrôle de la ville syrienne de Raqqa, les habitants doivent choisir entre rester sous le feu des bombes ou quitter la capitale du gouvernorat et les villages aux alentours en traversant les lignes de front minées et sous les balles.

« Les parents doivent prendre une décision impossible », explique Puk Leenders, coordinatrice d'urgence de MSF. « Soit ils restent à Raqqa, exposant leurs enfants aux violences et aux attaques aériennes qui s’intensifient de jour en jour, soit ils se rapprochent des lignes de front, sachant qu'ils devront traverser des champs de mines et se retrouver au milieu de tirs croisés. »

Une fois la décision prise de quitter Raqqa - connue comme le bastion de l'Etat islamique (EI) -  les difficultés sont nombreuses. « Les gens qui essaient de s’échapper, sont punis et n’y parviennent généralement qu’en payant d'énormes pots-de-vin », déclare Leenders.

« La route vers Aïn Issa était un véritable champ de mines, explique un homme de 65 ans originaire de Raqqa. Cela nous a pris deux mois pour quitter la ville, mais nous avons finalement réussi avec cinq autres familles. Sur la route, j’ai été blessé par un raid aérien et pendant notre fuite de nuit, deux enfants ont sauté sur des mines. Tous deux ont été blessés, dont un gravement. »

Beaucoup des personnes qui quittent Raqqa cherchent à trouver refuge vers Aïn Issa, Manbij, Mahmoudli et Tal Abyad, toutes situées dans un rayon de 120 km au nord de la ville syrienne. Cependant d’autres fuient vers le  « berm », qui désigne la zone frontalière entre le sud de la Syrie et la Jordanie, située à 700 km, alors que l’aide humanitaire y est presque inexistante.

Alors que la guerre fait rage depuis six ans en Syrie, nombreux sont les déplacés qui ont dû fuir à plusieurs reprises. Certains habitants de Raqqa viennent originellement de Palmyre et Deir Hafer. Souvent, leur état de santé est déjà fragilisé par un système de santé presque inexistant, le peu d’aide humanitaire dans ces endroits, ainsi que les effets de la guerre et la fermeture des frontières qui les empêchent de quitter le pays. La fuite de Raqqa les rend d’autant plus vulnérables, et une fois arrivés en lieu relativement sûrs, les conditions de vie sont mauvaises dans des campements informels.

Ceux qui ont quitté Raqqa ces dernières semaines vivent dans des camps de transit, d’autres ont établi leur campement à l'ombre des arbres, dans la périphérie des villes de Manbij, Tal Abyad et Tabqa. « En traversant ces régions, vous voyez des tentes et des personnes dispersées un peu partout, disposant du strict minimum pour survivre », raconte Leenders. « La majorité des personnes que nous voyons sont agriculteurs, ils laissent derrière eux leurs moyens de subsistance, leurs moutons et leurs biens, ils partent avec rien de plus que les vêtements qu’ils portent. »

Les équipes MSF ont mis en place des cliniques dans les camps de déplacés et travaillent dans plusieurs hôpitaux de la région et autour du gouvernorat de Raqqa, dont Manbij, Tal Abyad et Kobané / Aïn Al-Arab. Les équipes dispensent des soins médicaux d'urgence aux personnes ayant fui Raqqa et ses alentours, et vaccinent les enfants contre des maladies évitables afin de réduire les risques d'épidémies. Au cours de la dernière semaine, les équipes MSF ont vacciné 1070 enfants de moins de cinq ans, dont beaucoup n’avaient jamais reçu de vaccin auparavant.

« La plupart des personnes que nous voyons souffrent de diarrhée aqueuse aiguë, d'infections respiratoires et de troubles psychologiques générées notamment par la perte d'êtres chers, l'exposition à des événements traumatisants et la peur d'être tué», poursuit Leenders.

MSF a aussi mis en place une unité de stabilisation proche de la ligne de front pour améliorer les chances de survie des personnes blessées durant les combats. MSF les réfère ensuite vers les hôpitaux qu’elle soutient, où les soins traumatologiques et chirurgicaux sont possibles.

MSF appelle toutes les parties belligérantes et leurs alliés à veiller à ce que les civils de Raqqa soient protégés et à ce que ceux qui fuient la ville puissent atteindre des zones plus sécurisées sans mettre leur vie en danger. MSF appelle tous les pays voisins à faciliter l’entrée de l’aide humanitaire en Syrie et demande que des activités de déminage soient entreprises dans le nord du pays. MSF presse également les autres organisations à intensifier l’aide humanitaire offertes aux personnes qui fuient Raqqa.

Over MSF/AZG

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