Syrie : A Idlib, une situation dramatique
Bonjour,
Vous trouverez ci-dessous un communiqué dans lequel MSF s'alarme de la dégradation dramatique de la situation dans les gouvernorats d'Idlib et de Hama, en Syrie. L'intensification de la violence ont fait de ces 30 derniers jours les plus meurtriers depuis le début de l'année.
Je suis à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et pour toute demande d'interview.
Cordialement,
Raphaël Piret
Ces trois derniers mois, de nombreux rapports ont fait état de centaines de morts, de milliers de blessés et de la fuite de plus de 450 000 personnes vers la frontière turque résultant des bombardements et des offensives dans les gouvernorats d'Idlib (sud) et de Hama (nord). La violence s'est intensifiée et encore plus de personnes ont été tuées ou blessées ces trente derniers jours considérés comme les plus meurtriers depuis le début de l’année.
Soutenues par MSF, les équipes médicales des hôpitaux de la région ont été confrontées à plusieurs reprises ces dernières semaines à des afflux massifs de blessés – arrivées simultanées de 10 blessés ou plus. Toujours au cours du dernier mois, un hôpital soutenu par MSF a même dû accueillir plus de 35 blessés en seulement 48 heures suite à des frappes aériennes. La même semaine, un autre établissement bénéficiant de l'aide de MSF a pris en charge 50 blessés.
L'offensive militaire a été lancée fin avril par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés dans les gouvernorats d'Idlib Sud et de Hama Nord pourtant situés dans une "zone de désescalade". Les établissements civils – parmi lesquelles installations médicales, écoles, marchés et camps de personnes déplacées - ont été touchés et endommagés par l'offensive. Un hôpital soutenu par MSF a été endommagé par des bombardements, tandis que d'autres installations soutenues par MSF ont dû interrompre partiellement leurs services à plusieurs reprises au cours des dernières semaines par crainte d'être touchées.
"Les patients, les soignants et l’ensemble du personnel de l'hôpital sont eux-mêmes en proie à des troubles psychologiques ", témoigne le directeur d'un hôpital de la région. "Le simple survol de l’hôpital par des avions les terrifient au point que plusieurs membres d’équipe en arrivent à quitter le bâtiment de peur qu'il ne soit touché. Nous devons souvent procéder à l’évacuation de l'hôpital, par mesure de précaution. Certains jours, nous sommes contraints de nous rendre plusieurs fois dans la salle sécurisée car les avions passent au-dessus de nos têtes. Mais quel que soit le nombre de fois où nous devons interrompre notre travail, nous essayons de garder, tant que faire se peut, la salle d'urgence ouverte dans laquelle nous concentrons nos efforts. Certains hôpitaux de la région desservent des dizaines de milliers de personnes. Nous n'avons pas d'autre choix que de rester là, pour eux, lorsque qu’un évènement survient."
L'escalade de la violence a contraint 450 000 personnes à quitter leur foyer, s’ajoutant aux déplacements antérieurs de centaines de milliers de personnes vers et dans le gouvernorat d'Idlib. La plupart des personnes déplacées récemment se sont dirigées vers des zones densément peuplées et survivent désormais sous des tentes ou en plein air sous des oliviers alors que la nourriture, l'eau et l’assistance médicale manquent.
Ces derniers mois, MSF a pu effectuer des distributions d’articles de première nécessité et d'eau potable aux personnes nouvellement déplacées, et a fait installer des latrines dans les camps existants ainsi que dans ceux nouvellement créés. Mais, les personnes déplacées ont besoin d'un soutien beaucoup plus important que celui disponible pour le moment.
« Nous sommes actuellement confrontés à des centaines de milliers de personnes déplacées vivant dans des conditions épouvantables », explique Lorena Bilbao, coordinatrice des opérations pour les programmes MSF en Syrie. « De nombreuses agglomérations sont surpeuplées, leurs infrastructures inadéquates et leurs conditions de vie sont peu hygiéniques. Cela pose un risque important de propagation de maladies. Si les gens n'ont pas d'eau potable, on peut s'attendre à un plus grand nombre de patients souffrant de déshydratation, de diarrhées et de maladies liées à l’eau au cours des prochaines semaines. Cela conduira à la détérioration d’une situation d’ores et déjà critique. »
MSF a intensifié ses activités de cliniques mobiles et renforcé son soutien aux établissements médicaux à travers des dons de médicaments ainsi que des trousses de premiers soins et de chirurgie aux hôpitaux, mais également en soutenant les systèmes de référencement dans la région. MSF continuera à fournir une aide humanitaire vitale aux personnes déplacées ou blessées par l'offensive militaire.
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Note aux rédacteurs
Dans tout le nord-ouest de la Syrie, les équipes de MSF fournissent des soins de santé maternelle, des soins de santé généraux et des traitements pour les maladies non transmissibles par le biais de cliniques mobiles. Par ailleurs, elles distribuent des articles de secours et contribuent à l’amélioration des systèmes d'approvisionnement en eau et assainissement. Les équipes MSF soutiennent également les activités régulières de deux centres de vaccination et d’un hôpital, ainsi que les cliniques mobiles.
MSF a mis en place des activités de soutien aux services de soins de santé primaires et secondaires dans plusieurs hôpitaux et cliniques autour d'Idlib et Alep comprenant des services ambulatoires et hospitaliers, des salles d'urgence, des unités de soins intensifs, des salles d'opération, des banques de sang, des maternités, des traitements des maladies non transmissibles et de thalassémie, en coordination avec les autorités locales.
A Atmeh, MSF dirige une unité spécialisée dans les brûlures qui propose des interventions chirurgicales, des greffes de peau, des pansements, de la physiothérapie ainsi qu’un soutien psychologique. Dans le nord d'Idlib, MSF a des partenariats de cogestion avec trois hôpitaux. MSF aide également à fournir des médicaments vitaux et à assurer le suivi de près de 100 patients d'Idlib ayant reçu une greffe de rein.
Enfin, MSF a lancé une série de programmes médicaux dans les gouvernorats de Raqqa et d'Al Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie.
Les activités de MSF en Syrie n'incluent pas le travail dans les zones contrôlées par le gouvernement puisque les demandes d'autorisation d'accès de MSF à ces zones ont été refusées jusqu'à présent. Pour assurer son indépendance vis-à-vis des pressions politiques, MSF ne reçoit aucun financement gouvernemental pour ses activités en Syrie.