Sud du Liban : MSF renforce ses opérations d’urgence

31 janvier 2025, Beyrouth — Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre le Liban et Israël le 27 novembre dernier, les forces israéliennes poursuivent leurs opérations militaires dans le sud du Liban. Pour autant, des centaines de milliers de personnes sont rentrées chez elles dans leurs villages dans le sud du pays, mais beaucoup d'entre elles ont vu leurs maisons détruites par les bombardements israéliens et restent déplacées. D’autres ne peuvent toujours pas rentrer chez elles en raison de la présence militaire israélienne dans leurs localités. Tant les personnes de retour, que celles encore déplacées, rencontrent de grandes difficultés pour accéder aux soins de santé, en raison des infrastructures endommagées, du manque de personnel soignant et du coût des traitements devenus inabordables après plusieurs mois de guerre, et la perte de leurs moyens de subsistance.

Face à cette situation, au cours des 60 derniers jours, l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a intensifié ses activités dans le sud du Liban, déployant trois équipes médicales mobiles dans 11 localités du gouvernorat de Nabatieh, en plus des deux équipes mobiles déjà actives dans le gouvernorat du Sud. Ces équipes fournissent des soins médicaux essentiels pour pallier les graves lacunes en matière de santé dans certaines des zones les plus touchées.

« Depuis l’instauration du cessez-le-feu en novembre et encore aujourd’hui, les forces israéliennes continuent de tirer, de mener des frappes et de détruire des infrastructures civiles, causant chaque jour, dans le sud du Liban, des ravages et des pertes humaines, explique François Zamparini, coordinateur des urgences pour MSF au Liban. La détresse des communautés s’aggrave : elles peinent déjà à surmonter leurs pertes et les conséquences de la guerre. » Les populations vulnérables, comme les réfugié·e·s et les travailleur·euse·s migrant·e·s, sont particulièrement exposées.

D’après le ministère de la Santé, 83 personnes ont été tuées et au moins 228 autres blessées par les forces israéliennes depuis l’annonce du cessez-le-feu le 27 novembre 2024.

« L’ampleur de la destruction est immense, ajoute François Zamparini. Des villes sont en ruines, et des habitations, des écoles et des terres agricoles inutilisables. » Selon le PNUD, plus de 90 000 structures — dont des logements, des commerces, des exploitations agricoles, des écoles et des infrastructures d’eau — ont été endommagées ou détruites par les bombardements à travers le pays. « MSF s’engage à soutenir la population durant cette phase de reconstruction et à garantir qu’elle ne soit pas privée de soins médicaux essentiels alors qu’elle tente de rebâtir sa vie », poursuit François Zamparini.

Nos équipes médicales mobiles — désormais au nombre de 15 dans tout le pays — assurent des soins de santé générale, des distributions de médicaments pour les maladies chroniques, des séances d’éducation à la santé, un soutien en santé mentale et des soins infirmiers post-opératoires.

Entre l’annonce du cessez-le-feu en novembre 2024 et le 15 janvier 2025, nos équipes dans le sud du Liban ont réalisé plus de 19 000 consultations médicales générales, mené 3 427 séances de sensibilisation à la santé et soutenu plus de 3 000 personnes avec une prise en charge psychologique — un travail vital qui se poursuit encore aujourd’hui. Les patient·e·s nécessitant des soins médicaux complexes sont dirigé·e·s vers l’hôpital turc, une structure publique à Saïda, où MSF collabore avec le ministère de la Santé pour fournir gratuitement des soins de traumatologie, et d’urgence à toutes les communautés du Liban.

Au-delà des soins médicaux, MSF répond également aux besoins humanitaires urgents à travers le pays. Dans le district de Bint Jbeil, fortement touché par les bombardements, l’organisation a distribué des biens de première nécessité essentiels. Nous avons déjà fait des donations de 7 000 couvertures, 4 000 matelas, 5 820 kits d’hygiène, ainsi que 2 015 matelas et d’autres produits pour soutenir dans leur reconstruction les communautés affectées par la guerre. Nos équipes collaborent également avec plusieurs hôpitaux touchés pour leur apporter une aide, notamment par les donations de carburant, de 19 270 fournitures médicales, ainsi que par la formation du personnel soignant à la gestion des urgences.

« Des efforts sérieux doivent être déployés pour garantir la sécurité des civils, des infrastructures de santé et du personnel médical, affirme François Zamparini. Toute escalade de la violence ou violation du cessez-le-feu mettrait encore plus en péril la santé et le bien-être de milliers de familles du sud du Liban, qui ont déjà tant perdu. »

À propos de Médecins Sans Frontières (MSF) au Liban

MSF est une organisation médicale humanitaire internationale et indépendante qui fournit une aide et des soins de santé gratuits aux personnes dans le besoin, sans discrimination. MSF a commencé ses activités au Liban en 1976 et y travaille sans interruption depuis 2008.

En 2024, face à l’intensification des bombardements israéliens et des incursions terrestres, MSF a renforcé son intervention à travers tout le pays, déployant 22 unités médicales mobiles dans les centres d’hébergement et les zones fortement touchées par la guerre, notamment à Beyrouth, Baalbek-Hermel et dans le sud du Liban. En plus des soins de traumatologie, MSF a soutenu les hôpitaux en dispensant des formations pour prendre en charge les afflux massifs de blessé·e·s et en fournissant des milliers de tonnes de matériel médical et d’aide humanitaire pour renforcer leurs capacités.

Quentin Barrea

Press & Media FR, Médecins Sans Frontières

 

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À propos de MSF/AZG

Médecins Sans Frontières est une organisation médicale humanitaire d’urgence, active dans plus de 70 pays du monde.