Stop, c’est stop ! Il faut arrêter de piéger des personnes dans des conditions misérables sur les îles grecques
Ce communiqué de presse est une initiative conjointe de Europe Must Act, Help Refugees, Legal Centre Lesvos, Lesvos Solidarity, Médecins Sans Frontières, Refugee Rights Europe et Still I Rise, qui ont mené une mobilisation à l'échelle européenne depuis les incendies du camp de Moria le 8 septembre.
Mytiline / Athènes / Bruxelles, 8 octobre 2020- Un mois après les incendies qui ont détruit le camp de réfugiés de Moria, et malgré les promesses publiques des commissaires européens selon lesquelles il n'y aurait « plus de Moria », plus de 7500 personnes sont toujours piégées dans des conditions inhumaines, dans un camp nouvellement construit à Lesbos. Des milliers d'autres, dont 7000 enfants, continuent de vivre dans d'autres camps indignes et dangereux sur les îles de la mer Égée.
Plus d'un demi-million de personnes ont signé des pétitions qui demandent aux dirigeants européens d'évacuer les personnes prises au piège dans les îles grecques et de mettre fin aux politiques d'endiguement qui ont provoqué ce cycle de souffrances et d'abus. Le nouveau pacte sur l’asile et la migration de la Commission européenne, présenté il y a deux semaines et discuté aujourd'hui au sein du Conseil « Justice et affaires intérieures », ne répond pas à ces demandes et réaffirme au contraire l'engagement des gouvernements et des institutions européennes en faveur des mêmes politiques qui ont engendré les incendies.
Le nouveau camp installé à Lesbos rappelle la misère qui caractérisait le camp de Moria : hommes, femmes et enfants dorment sur des nattes, dans leur tente, il n'y a pas d'eau courante et la nourriture n'est distribuée qu'une seule fois par jour. Les parents se lavent et lavent leurs enfants dans la mer, il n'y a pas de douches et les toilettes sont limitées. En effet, le camp a été construit à la hâte, en bord de mer, sur un ancien champ de tir. De plus, l'hiver approche et le camp ne résistera pas aux pluies et aux tempêtes à venir. Et tout cela se produit dans le contexte d'une épidémie de COVID-19, alors qu’il est impossible pour les habitants du nouveau camp de prendre des mesures préventives telles que la distanciation sociale.
Pendant ce temps, les personnes vivant dans les autres hotspots de l'UE, à Samos, Chios, Kos et Leros, sont également prises au piège, dans des conditions inhumaines et surpeuplées. À Kos, depuis janvier, les nouveaux arrivants sont automatiquement détenus. Dans le hotspot de Samos, 4314 personnes vivent dans et autour d'un camp construit pour 648 personnes. Plus de 90 personnes ont été confirmées positives au COVID-19, et pourtant aucun plan de réponse médicale adéquat n'est mis en place.
Le modèle d’endiguement qui a créé ces situations d’urgence cycliques au cours des cinq dernières années, ne semble pas avoir été remis en question. Le Pacte sur l’asile et la migration semble, au contraire, établir les mêmes politiques qui ont causé des années de souffrance humaine dans les îles grecques. Il reflète l'échec de l'approche européenne relative aux hotspots des îles, étend les procédures frontalières obligatoires et est ouvertement orienté vers la dissuasion et le retour, au lieu de prévoir une protection et un accueil humains.
« Stop, c’est stop. Nous réitérons notre appel à évacuer d'urgence les îles et à amener les personnes dans des logements sûrs et dignes, en se concentrant sur la réinstallation de celles-ci dans toute l'Europe », explique Stefano Argenziano, responsable des opérations de MSF. « Nous demandons instamment aux dirigeants européens de mettre immédiatement un terme à l'endiguement des personnes sur les îles grecques, et d'abandonner les propositions visant à perpétuer les installations frontalières dans toute l'Europe, » conclu-t-il.
Ce communiqué de presse est une initiative conjointe de Europe Must Act, Help Refugees, Legal Centre Lesvos, Lesvos Solidarity, Médecins Sans Frontières, Refugee Rights Europe et Still I Rise, qui ont mené une mobilisation à l'échelle européenne depuis les incendies du camp de Moria le 8 septembre. À ce jour, l'initiative s'est transformée en une alliance sans précédent de 450 organisations, réseaux, groupes et politiciens, ainsi que de plus de 165 000 personnes qui ont signé la pétition.