Soudan : hôpitaux et civils pris au piège des violents combats à El Fasher
Les hôpitaux sont frappés et le nombre de morts augmente considérablement alors que de violents combats dévastent El Fasher, au Soudan, ne laissant aucun endroit sûr pour la population. Médecins Sans Frontières (MSF) lance un appel urgent pour la protection des civils, des travailleurs de la santé et des structures de santé.
El Fasher, Soudan, 27 mai 2024 - Les combats intenses et incessants à El Fasher ne laissent aucun lieu sûr pour les civils. Les patients et le personnel médical font partie des nombreuses victimes civiles, avertit MSF. L'hôpital Sud, soutenu par MSF, a été touché à deux reprises ces derniers jours, les trois principales structures médicales de la ville ont été endommagées. Les affrontements entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide ont gravement affecté la capitale du Darfour du Nord. Seules deux de ces structures sont encore opérationnelles.
« Nous assistons à un bain de sang à El Fasher. L'intensité des combats ne laisse aucun répit aux civils et les hôpitaux sont de plus en plus touchés, rendant le traitement des blessés extrêmement difficile », déclare Claire Nicolet, responsable de programme MSF pour le Soudan. « Les structures médicales doivent être protégées, et les parties en conflit doivent respecter leur rôle neutre de sanctuaires pour les malades et les blessés, où les gens peuvent recevoir une assistance médicale en toute sécurité. »
L'hôpital Sud d'El Fasher a été touché pour la première fois le 25 mai, lorsqu'un mortier a frappé l'unité de soins prénatals, tuant une personne et en blessant huit autres, parmi les patients et leurs familles. Le lendemain, un obus est tombé à l'intérieur de l'hôpital, blessant trois autres personnes, tandis que les éclats de l'explosion ont brisé les fenêtres de la salle d'accouchement et de l'ambulance. Trois autres obus sont tombés à l'extérieur de l'hôpital.
« L'hôpital Sud est extrêmement encombré : c'est le seul établissement capable de traiter les arrivées massives de blessés, et il a reçu plus de 1 000 patients depuis le début des combats dans la ville le 10 mai. Malheureusement, 145 d'entre eux étaient dans un état critique et ont succombé à leurs blessures. Aujourd'hui, l'hôpital se trouve en première ligne, avec un risque important d'interruption de service », explique Abdifatah Yusuf Ibrahim, coordinateur de projet pour MSF.
Les enfants d'El Fasher ont déjà perdu l'accès à des traitements spécialisés lorsqu'une bombe est tombée près du seul hôpital pédiatrique de la ville le 11 mai, tuant deux enfants dans l'unité de soins intensifs et endommageant l'établissement. La maternité saoudienne a été touchée le 19 mai.
« Les établissements de santé doivent rester sûrs pour les patients et le personnel, qui travaillent sous une pression intense pour soigner ceux qui ont un besoin critique de soins. Nous demandons instamment aux parties belligérantes au Soudan de préserver les installations médicales et de respecter leur neutralité, ainsi que leur obligation de protéger les civils, les travailleurs de la santé et les structures sanitaires », déclare Claire Nicolet.
Un employé de MSF a été tué le 25 mai lorsque sa maison, située près du marché principal de la ville, a été touchée par des tirs d'obus, démontrant une fois de plus qu'aucun endroit d'El Fasher n'est épargné par la violence de ce conflit.