Soudan du Sud : MSF suspend toutes ses activités dans les comtés de Yei et Morobo après deux enlèvements en quatre jours

Juba, 5 août 2025 – Médecins Sans Frontières (MSF) suspend l’ensemble de ses activités opérationnelles dans les comtés de Yei River et Morobo, dans l’État d’Équatoria central au Soudan du Sud, pour une durée minimale de six semaines. Cette décision fait suite à l’enlèvement d’un membre de notre équipe, survenu seulement quatre jours après l’enlèvement d’un collaborateur du ministère de la Santé à bord d’une ambulance MSF, sur la même route et au même endroit.

Heureusement, notre collègue a été libéré quelques heures plus tard.

L’incident s’est produit lors de l’évacuation de notre équipe de Morobo vers Yei, dans un contexte sécuritaire de plus en plus instable. Le convoi de quatre véhicules a été intercepté par des hommes armés. Le membre de l’équipe MSF, qui dirigeait le convoi, a été contraint de descendre du véhicule et emmené de force dans les fourrés. Les autres véhicules ont été autorisés à poursuivre leur route vers Yei.

« Nous sommes profondément choqués par cette attaque ciblée. Les agressions contre les travailleurs humanitaires qui viennent en aide aux populations les plus vulnérables doivent cesser », déclare le Dr Ferdinand Atte, chef de projets pour MSF au Soudan du Sud. « Bien que notre engagement à fournir des soins aux personnes dans le besoin soit total, nous ne pouvons pas exposer nos équipes à de telles menaces. »

Plusieurs incidents visant des travailleurs humanitaires 

Cet enlèvement s’inscrit dans une série inquiétante de violences ciblées contre les travailleurs humanitaires et les structures de santé dans ces régions. En l’espace de trois mois, plusieurs incidents ont été signalés à Morobo : enlèvements forcés, incendies criminels, pillages violents d’hôpitaux et destructions d’infrastructures médicales. Sept de ces événements impliquaient l’enlèvement de membres d’organisations humanitaires.

« Nous exigeons des autorités et de toutes les parties impliquées dans le conflit, y compris les groupes armés présents dans les comtés de Morobo et Yei River, des garanties concrètes et une véritable responsabilisation. Il est impératif d’assurer un accès sûr et sans entrave aux populations dans le besoin, et de protéger les civils ainsi que les infrastructures civiles, notamment les soignants, les patients et les établissements de santé, avant d’envisager une reprise de nos activités », ajoute le Dr Ferdinand.

Les habitants des comtés de Yei River et Morobo vivent dans des zones reculées, souvent coupées des services essentiels en raison du manque d’infrastructures et du conflit armé. Ils dépendent fortement de l’aide humanitaire, notamment des services fournis par MSF.

Deuxième réduction des activités en trois mois 

C’est la deuxième fois en moins de trois mois que MSF est contraint de réduire ses activités médicales dans la région. En mai, l’insécurité croissante nous avait déjà forcés à limiter nos interventions. MSF a également suspendu toutes ses activités dans les camps de personnes déplacées à Morobo, en raison des violences persistantes. Aujourd’hui, nous avons pris la difficile décision de suspendre toutes nos opérations dans les deux comtés, jusqu’à nouvel ordre, s’ajoutant à la liste croissante de projets et de structures de santé que nous avons dû fermer cette année à cause des attaques.

« MSF est l’une des rares organisations médicales à soutenir les structures de santé locales dans cette région. Lorsque de telles attaques se produisent, ce sont les communautés qui en paient le prix fort, car leur accès aux soins essentiels est gravement compromis », conclut le Dr Ferdinand.

Dans les comtés de Yei River et Morobo, MSF soutient quatre structures du ministère de la Santé, fournissant des soins de santé primaires, des consultations externes, des vaccinations de routine, ainsi que des soins de santé maternelle et infantile. MSF organise également des cliniques mobiles et soutient les soins communautaires à travers le programme Boma Health Initiative. Entre janvier et juin 2025, MSF a réalisé 14 500 consultations externes, 1 192 consultations prénatales et assisté 438 accouchements dans cette zone.

FIN

Note aux rédactions

Depuis le début de l’année, Médecins Sans Frontières (MSF) observe une recrudescence inquiétante des attaques ciblant les personnels de santé et les structures médicales au Soudan du Sud :

  • En janvier, deux bateaux MSF clairement identifiés, en déplacement entre Nasir et Ulang (État du Haut-Nil), ont été pris pour cible par des hommes armés non identifiés. Ces derniers ont ouvert le feu, contraignant les membres de l’équipe MSF à sauter dans le fleuve et à nager jusqu’à un village voisin pour se mettre en sécurité. Un membre du personnel a été blessé en tentant d’échapper à l’attaque et a dû recevoir des soins médicaux.
  • Le 14 avril 2025, l’hôpital MSF d’Ulang a été violemment pillé en plein jour par des hommes armés, qui ont détruit des biens et menacé patients et personnel. Cette attaque a entraîné la fermeture complète de l’hôpital et de toutes les activités de proximité. Il s’agissait du seul hôpital fonctionnel dans le comté, et cette fermeture a eu des conséquences dévastatrices pour la population locale, privant plus de 150 000 personnes d’un accès aux soins vitaux.
  • Le 3 mai, l’hôpital MSF d’Old Fangak, dans l’État de Jonglei, a été bombardé par deux hélicoptères de combat, détruisant la pharmacie et des ressources médicales essentielles, rendant impossible la poursuite des soins dans l’établissement. Les hélicoptères ont également ouvert le feu sur la communauté, tuant au moins sept personnes et en blessant 27. Quatre membres du personnel MSF figurent parmi les blessés.

Quentin Barrea

Press & Media FR, Médecins Sans Frontières

 

 

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