Réponse de MSF à l’accord préliminaire des Etats membres de l’UE sur un « règlement de crise » en matière de migration
Le 4 octobre, les représentants des Etats membres de l’UE sont parvenus à un accord préliminaire sur un « règlement de crise » en matière de migration, qui définit les mesures applicables par les États membres en cas d'augmentation soudaine du nombre de demandeurs d'asile.
Ce nouvel accord témoigne d’un profond mépris politique pour la protection de vies humaines. Loin d'apporter une solution à la détresse des personnes en quête de sécurité et de protection aux frontières de l'Europe, l’accord permet aux États européens de se soustraire encore davantage à leurs responsabilités à l'égard de ceux qui en ont besoin.
Plutôt que corriger un système d'asile défaillant en Europe et de garantir des voies d'accès sûres et légales à ceux qui en ont besoin, ce nouvel accord cautionne implicitement les pratiques abusives que Médecins sans Frontières (MSF) a observées partout en Europe.
Depuis des années, MSF soigne les répercussions directes sur la santé physique et mentale des migrants de politiques migratoires européennes inhumaines. Ces politiques ne font appel à des notions de « crise » et « instrumentalisation » que pour restreindre continuellement l’accès aux droits fondamentaux et aux standards minimums.
En Grèce, en Pologne, en Lituanie, en Libye ou en Méditerranée centrale, MSF a vu dans ses projets comment les Etats européens ont sans cesse exploité ces mécanismes de mesures extraordinaires pour raboter les garanties accordées aux personnes en situation de grande précarité. Ces mesures extraordinaires ont servi de terreau à des pratiques violentes comme les refoulements aux frontières, les détentions arbitraires prolongées, ou encore à l’accord entre l’Italie et la Libye qui renforce un système d’exploitation, d’extorsion et d’abus dans lequel de nombreuses personnes se retrouvent piégées.
Ces mesures ont aussi souvent servi de prétexte pour restreindre l’aide humanitaire indépendante et entraver la mobilisation de la société civile, rendant l’accès et l’assistance aux personnes qui en ont besoin de plus en plus difficile. Par exemple, les mesures d’urgence de 2021 et 2022 en Pologne ont empêché les équipes de MSF de fournir de l’assistance médicale d’urgence après s’être vu refuser l’accès à la zone frontalière militarisée, alors qu’au cours de l’hiver 2021-2022, plus de 21 personnes sont mortes aux frontières biélorusses avec la Pologne et la Lituanie.
MSF appelle les Etats européens à immédiatement changer leurs orientations, afin de donner la priorité à la sécurité des personnes en quête d’asile et cesser l’instrumentaliser la souffrance humaine à des fins politiques.