Politique de non-accueil : une nouvelle politique gouvernementale cimente la crise humanitaire dans la société belge
Aujourd'hui, 7 organisations, notamment humanitaires, publient la cinquième édition de leur rapport belge sur la politique de non-accueil et ses conséquences négatives pour les demandeurs d'asile en Belgique. Le rapport montre comment la politique illégale de non-accueil des demandeurs d'asile menée par la Belgique est entrée dans une nouvelle phase alarmante en 2025, avec les récentes mesures gouvernementales restreignant davantage l'accès à l'accueil et aux services essentiels pour les personnes en demande de protection internationale.

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Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, le CIRÉ, BelRefugees, Caritas International et le Hub Humanitaire dénoncent la politique de non-accueil de la Belgique et ses conséquences négatives pour les demandeurs et demandeuses d'asile dans notre pays. Cette politique ne résout pas la crise humanitaire, mais l'institutionnalise. L'affirmation récente de la ministre Van Bossuyt selon laquelle aucun·e demandeur·euse d'asile ne dormirait dans la rue n'est en aucun cas vraie, comme les 7 organisations l’établissent au quotidien.
Une politique systématique de non-accueil
Malgré les plus de 15.000 condamnations prononcées par les tribunaux nationaux et internationaux, le gouvernement fédéral belge intensifie encore sa stratégie illégale d'exclusion systématique, pour en faire la politique migratoire la plus restrictive de l'histoire de la Belgique. Des milliers de personnes restent sans abri et n'ont pas accès aux soins de santé et au soutien social.
Les mesures prises par le nouveau gouvernement de coalition « Arizona », formé en janvier 2025, comprennent la réduction du nombre de places d'accueil, l'exclusion systématique de certains groupes (en particulier les hommes seuls et les personnes en demande d'asile bénéficiant d'un statut de protection dans un autre pays de l'UE, connu sous le nom de « statuts M ») et l'élimination complète des services sociaux pour de nombreux demandeurs et demandeuses d'asile.
Ces changements, qui ont été adoptés par le Parlement en juillet et sont en vigueur depuis août, ont néanmoins été largement critiqués par le Conseil d'État, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de nombreuses organisations de la société civile.
Les conséquences sont dramatiques. Le gouvernement belge ignore sans scrupule ses responsabilités légales, avec des conséquences déchirantes, entre autres dans les domaines suivants :
- Logement : Moins de 1 demandeur·euse d'asile sur 10 (9 %) utilisant le Hub Humanitaire à Bruxelles est logé·e dans un centre Fedasil. La grande majorité d'entre elleux dorment dans la rue, dans des hébergements d'urgence ou dans des squats, les délais d'attente pour les hébergements d'urgence étant souvent plus longs que la durée du séjour proposé.
- Soins de santé : L'accès aux soins médicaux est sévèrement limité. Les organisations humanitaires signalent que près de 9 personnes en demande d'asile sur 10 (88 %) sans abri ont des problèmes de santé directement liés à leurs conditions de vie précaires, en particulier des affections cutanées, des infections respiratoires et des douleurs non traitées.
- Santé mentale : L'équilibre psychologique est gravement atteint. Une grande majorité des personnes en demande d'asile demandent de l'aide parce qu'ils sont en détresse psychologique, avec de nombreux cas de stress post-traumatique, de dépression et d'anxiété. Les soins spécialisés sont largement inaccessibles.
- Soutien juridique et social : Les demandeur·euses d'asile sans abri manquent souvent d'informations de base sur leurs droits et sont confronté·es à des procédures complexes sans assistance juridique.
Mineurs non accompagnés en détresse
Les mineur·es non accompagné·es sont particulièrement vulnérables. Beaucoup évitent les abris officiels en raison de la méfiance à l'égard des autorités, ce qui entraîne une surpopulation dans les refuges alternatifs et une exposition accrue à des environnements à haut risque. Des études médicales indiquent un pourcentage élevé de mineur·es en état de malnutrition et ayant des problèmes de santé.
Un appel à l'action immédiate
L'objectif affiché du gouvernement de rendre la Belgique moins « attrayante » pour les demandeurs et demandeuses d'asile a conduit à une augmentation des difficultés et à l'institutionnalisation d'une crise humanitaire.
Les organisations de la société civile, le Conseil d'État, le HCR et le Conseil de l'Europe ont tous appelé à une action urgente, notamment :
- Respecter le droit à l’accueil et à une vie digne, tels que consacrés en droit international et en droit belge ;
- Augmenter significativement la capacité d'accueil ;
- Maintenir les canaux de soutien social pour les personnes en demande d'asile.
Conclusion
La politique actuelle de non-accueil est inacceptable. Tant que des personnes seront laissées à la rue et que les décisions de justice ne seront pas appliquées, la Belgique continuera à violer délibérément ses obligations légales et morales. Il est temps de mettre fin à la politique de dissuasion envers les demandeurs et demandeuses d’asile, et de mettre en œuvre une politique d'accueil humaine, digne et fondée sur les droits.
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Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :
- Médecins Sans Frontières (MSF): Steven De Bondt, Press & Media (0475 40 60 76)
- Médecins du Monde: : Emmy Deschuttere (NL), 0492799274; Muriel Gonçalves (FR), 0487 243367, communication
- BelRefugees: Mehdi Kassou, General Director (0472 44 47 26)
- Caritas International: Tom Devriendt – Advocacy Coordinator (0477 99 39 38)
- Humanitarian Hub: Astrid Bimson – Advocacy and Communication Officer (0493 40 56 79)
- Vluchtelingenwerk Vlaanderen: Thomas Willekens, Policy Officer (0492 11 27 83)CIRÉ: Sotieta Ngo, Directrice Générale (0475 95 62 28)