Pacte de migration européen : selon MSF, il est difficile de croire en un nouveau départ

Bien que l'on ne sache pas encore exactement ce que la Commission européenne annoncera ce mercredi 23 septembre dans son nouveau pacte sur les migrations, Médecins Sans Frontières (MSF) craint que la nouvelle approche et les changements radicaux tant attendus ne se concrétisent pas.

« Nous croirons en un nouveau départ lorsque nous ne devrons plus soigner tant de personnes qui souffrent inutilement, » déclare Dr. Christos Christou, président international de MSF. « Depuis des années, la Commission européenne fait de nouvelles annonces, promesses et engagements, mais ce que nous voyons sur les îles grecques et en Méditerranée centrale, c'est que les personnes en quête de sécurité subissent systématiquement plus de misère, de souffrance, d'humiliation et de violence. Ces personnes et celles qui tentent de les aider sont traitées comme des criminelles. Il y a quelques jours à peine, un cinquième bateau de sauvetage a été arrêté pour des raisons absurdes et un nouveau camp de rétention a été mis en place à Lesbos. Nous n'avons cessé de montrer le coût humain de cette politique scandaleuse aux dirigeants dans les capitales européennes, aux commissaires à Bruxelles et aux citoyens par l'intermédiaire des médias, mais rien ne semble conduire à un changement radical de politique, dont nous avons désespérément besoin », continue-t-il.

Suite à l’incendie du camp de Moria sur l’ile de Lesbos, les autorités ont construit un nouveau camp. Bien que MSF ne soit pas à l'intérieur du nouveau camp, les informations que le personnel MSF reçoit des patients, d'autres ONG et organisations, et certaines visites effectuées les jours précédents décrivent une situation assez préoccupante.

« Malgré les annonces de la Commission européenne selon lesquelles il n'y aura pas de nouveau Moria, le camp est construit dans une zone venteuse près de la mer, il n'y a pas de réelle protection contre les intempéries, et les premières pluies torrentielles risquent de créer des conditions misérables - potentiellement pires que Moria. Les tentes ne sont pas suffisamment isolées et sont partagées par plusieurs familles. Plusieurs de nos patients décrivent un manque d'eau et de distribution de nourriture, absence d'installations sanitaires adéquates et de protection. », explique Caroline Willemen, coordinatrice de projet MSF à Lesbos.

Suite au manque d’accès aux soins médicaux, MSF continuera à transporter des patients, en particulier pour la santé sexuelle et reproductive, la santé mentale et les enfants atteints de maladies chroniques, du nouveau camp vers la clinique MSF située près de l’ancien camp de Moria. « Pour l'instant, nous ne savons pas si ce camp reproduira le système de confinement de Moria », continue Caroline Willemen. « Les prochains jours mettront en lumière ce qui a été pour l'instant un énorme coup de communication de la part de l'UE et des autorités grecques, avec toutefois un manque de clarté sur les intentions réelles et les "améliorations" concrètes de ce camp par rapport aux conditions de vie que nous avons connues jusqu'à présent » termine-t-elle.

Aujourd’hui, environ 10 000 personnes ont déjà été transférées dans ce nouveau camp, où 241 cas positifs de COVID19 ont été confirmés.

MSF, avec 400 autres organisations, demande une nouvelle approche de la migration européenne à l'aide d'une pétition signée déjà par plus de 138 000 personnes. Lien de la pétition: https://www.change.org/p/eu-commission-fire-moria-camp-call-for-urgent-evacuation-and-radical-change

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