MSF ferme son projet d’accueil pour mineurs étrangers non-accompagnés à Bruxelles

Embargo jusque lundi 4 juillet 00H01

Le 15 juillet prochain, MSF fermera son centre d’accueil pour mineurs étrangers non-accompagnés situé à Bruxelles. Le projet, en partenariat avec la Plateforme Citoyenne, SOS Jeunes et Caritas, avait vu le jour au mois d’octobre 2021 en réponse au nombre croissant de mineurs en transit en recherche d'hébergement et au manque de structures adaptées à accueillir ce public particulièrement vulnérable.

Ce projet aura permis de mettre plus de 250 jeunes à l’abri en leur offrant la protection et l’accompagnement nécessaires durant la période hivernale. Cependant, et malgré les efforts fournis par les différents acteurs impliqués, un accord sur une potentielle reprise n’a pas vu le jour. 

Une situation qui ne peut plus être ignorée 

La précarité des jeunes migrants en transit en Belgique est connue depuis des années par les acteurs sociaux bruxellois : sans structure d’hébergement inconditionnel et sans accompagnement adapté, ces jeunes qui transitent parfois pendant plusieurs mois sur le territoire belge, ne bénéficient d’aucune aide spécifique, malgré les dispositions légales existantes. ​ 

“Au cours de ces neuf derniers mois, le projet aura permis de mettre en lumière l’existence de ce public souvent invisibilisé et vivant sans solution d’hébergement, ni accompagnement adéquat. MSF et les partenaires ont pu démontrer qu’un accompagnement de ces jeunes était possible si l’on ajustait le modèle d’accueil à leur réalité. Nul ne peut aujourd’hui ignorer l’existence de ces jeunes, ni leurs besoins”, déclare Julien Buha Colette, responsable des projets de MSF en Belgique. 

Des données médicales alarmantes 

 Principalement originaires de la Corne de l’Afrique, ces jeunes ont vécu un parcours migratoire difficile, ponctué par les violences, la privation et les abus en tout genre. Le projet aura permis de mettre en lumière certaines des conséquences majeures de ce parcours migratoire ainsi que sur la condition de ces jeunes. 

« Nous avons constaté différents signes de traumatismes et maladies physiques et psychiques lors de nos consultations médicales et psychologiques”, explique David Vogel, responsable adjoint des projets de MSF en Belgique. Il rappelle que, « sans ce projet, qui a permis pour la première fois une accroche sur le long terme de ce public d’habitude invisible, nous n’aurions simplement pas pu faire ce constat ». ​ 

En effet, au cours des quatre premiers mois du dispositif, 1 enfant sur 5 consulté souffrait de malnutrition modérée (dont un cas de malnutrition sévère). Parmi ces jeunes souffrant de malnutrition, 91% présentaient également des symptômes dépressifs ou d’autres pathologiques physiques ou psychiques. En outre, les consultations médicales ont permis de relever que 30% des jeunes hébergés souffraient de la gale et 50% présentaient des signes de violence ou des cicatrices sur le corps. Par ailleurs, 17% des jeunes examinés souffraient de maladies vénériennes (qui pourraient résulter de violences basées sur le genre). 

 Un problème reconnu, mais aucun accord sur la reprise du projet  

Au cours des derniers mois, de nombreux acteurs institutionnels et associatifs ont été approchés afin de présenter les observations et les recommandations. L’utilité de ce dernier a été unanimement reconnu et de réelles avancées ont été réalisées afin de faire reprendre le projet par les autorités. Cependant, et malgré les efforts fournis par les différents acteurs impliqués, une date de reprise n’a pas encore pu être fixée. ​ 

“Le projet répondait à un besoin humanitaire, celui de mettre à l’abri des mineurs en période hivernale. MSF n’a pas vocation à devenir un acteur d’hébergement. Le projet s’inscrivait avant tout dans une logique d’urgence et non pas comme une solution à long terme." explique Julien Buha Colette. “Au-delà de l'urgence, la question des MENA en transit reste avant tout un problème structurel qui nécessite une réponse pérenne. Nous sommes persuadés, aux vues des discussions en cours et du soutien des partenaires du monde associatif et institutionnel, que le projet verra le jour. MSF continuera son travail et son plaidoyer jusqu'à reprise effective pas les pouvoirs publics”. ​ 

 

 

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