MSF dénonce les violences commises aux frontières de l’Europe et appelle l'UE à renforcer le contrôle des activités des autorités frontalières
30 mars 2023 - À la suite d'une récente visite de hauts responsables de l'UE à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) demande à l'UE d'examiner de plus près les violences commises à l'encontre des réfugiés, des migrants et des demandeurs d'asile aux frontières de l'Europe.
Depuis janvier 2021, les équipes médicales de MSF travaillant dans la région frontalière entre la Serbie et la Hongrie ont traité 498 personnes souffrant de traumatismes tels que contusions, hématomes et fractures, après avoir signalé des violences de la part des autorités frontalières.
"Les blessures physiques que nous traitons et les récits de violence que nous entendons de la part de nos patients démontrent une répression intentionnelle et continue dans le but de dissuader les gens de demander l'asile à l'UE ", déclare Duccio Staderini, chef de mission MSF dans les Balkans occidentaux.
Les patients de MSF soignés près de la frontière entre la Serbie et la Bulgarie disent avoir été dépouillés de leurs vêtements et de leurs biens, battus à coup de matraques ou de bâtons, attaqués par des chiens, aspergés de gaz au poivre et lacrymogène. Sans compter la confiscation et la destruction d'effets personnels, ou encore le confinement hors normes dans des cellules d'isolement loin de la zone frontalière.
Une Europe qui ferme les yeux
Le 16 mars, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, et le nouveau chef de FRONTEX (l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) ont visité le poste-frontière officiel entre Horgos, en Serbie, et Roszke, en Hongrie, où les refoulements violents par les gardes-frontières sont monnaie courante. Lors de sa visite, Mme Johansson a salué le succès des contrôles frontaliers conjoints dans la lutte contre la "migration illégale" vers l'Europe.
"Les représentants de l'UE ont intentionnellement décidé de fermer les yeux sur le recours excessif à la violence dont nous sommes témoins aux frontières extérieures de l'UE", a déclaré M. Staderini. "Cette visite montre le vrai visage de l'engagement de l'UE dans les Balkans occidentaux : plus de fonds pour la sécurité, une plus grande présence de FRONTEX et une augmentation de la surveillance et des retours forcés."
Une aide médicale nécessaire
Les équipes de MSF travaillent en Serbie depuis 2014, apportant des soins médicaux aux réfugiés, aux migrants et aux demandeurs d'asile se rendant en Europe par la route des Balkans. En janvier 2021, nos équipes ont entamé leurs activités dans la région frontalière entre le nord de la Serbie et la Hongrie, et en janvier 2023, MSF a lancé un projet d’aide d'urgence dans la région frontalière entre le sud de la Serbie et la Bulgarie.
Le passage de la frontière entre la Bulgarie et la Serbie implique une marche de trois à quatre jours à travers les bois dans des chemins montagneux. Ceux qui entame ce périple n'ont souvent ni nourriture, ni eau, ni abri et sont confrontés à des conditions météorologiques difficiles. En février, deux personnes, dont un enfant, sont mortes de froid sur cette route. Cette année, les équipes de MSF à Pirot, du côté serbe de la frontière, ont prodigué des soins médicaux à 1 944 personnes pour des problèmes de gelures, de pieds de tranchées, de blessures infectées, de fièvres, de lésions cutanées, d'ampoules et de signes généraux d'épuisement physique.
MSF a largement dénoncé les pratiques violentes perpétrées sur les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants aux frontières de l'Europe depuis 2014.
" Les États membres de l'UE continuent de donner la priorité à la protection des frontières plutôt qu'à la protection et au bien-être des personnes ", déclare Staderini. "Cela doit cesser".