L’offensive sur Gaza City équivaut à une condamnation à mort pour un million de Palestiniens

Gaza City est au bord d’une catastrophe humanitaire. L’intensification de l’offensive militaire israélienne pousse la population à bout et menace la survie des dernières infrastructures médicales encore fonctionnelles. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) alertent : il est tout simplement impossible de contraindre un million de personnes — parmi lesquelles des centaines de patients en état critique et des nouveau-nés — à quitter Gaza City pour rejoindre des zones déjà surpeuplées et sous-équipées du centre et du sud de la bande de Gaza. Une telle mesure reviendrait à condamner un million de Palestiniens à mort.

Familles palestiniennes déplacées. Ville de Gaza. 4 septembre 2025. © Ibrahim Nofal

Les bombardements incessants menés par les forces israéliennes, couplés à l’avancée de l’offensive terrestre, tuent des centaines de palestiniens et les forcent à fuir leurs habitations et abris — parfois à plusieurs reprises — suivant un schéma de destruction totale déjà observé par les équipes de MSF à Rafah. « Certains de nos collègues ont été déplacés plus de onze fois depuis 2023 », témoigne Jacob Granger, coordinateur d’urgence pour MSF à Gaza. Les abris de fortune n’offrent qu’une sécurité illusoire, les frappes visant souvent les zones où les survivants s’étaient déjà réfugiés.

On estime qu’un million de personnes déplacées se trouvent désormais sur seulement 15 % du territoire de Gaza, dans des conditions aggravées par la destruction de près de 90 % des infrastructures d’eau et d’assainissement. « MSF continue de distribuer de l’eau dans la ville, mais sans réserves disponibles, si les forces israéliennes rendent impossible la production et la distribution d’eau potable, les gens mourront en quelques jours », alerte Granger. Des épidémies, comme des cas de diarrhée aiguë, se propagent dans des conditions de vie surpeuplées et insalubres.

Un système de santé au bord de l’effondrement

L’offensive israélienne détruit délibérément la capacité du système de santé à Gaza. Plus de la moitié des hôpitaux sont désormais hors service ; ceux qui continuent de fonctionner le font dans des conditions extrêmes, au bord de l’effondrement, sous des attaques ciblées. Les taux d’occupation des lits ont atteint 300 % à l’hôpital Al Ahli, 240 % à l’hôpital Shifa et 210 % à l’hôpital Rantissi.

L’escalade actuelle à Gaza City menace de fermer 11 des 18 hôpitaux encore partiellement fonctionnels dans la bande de Gaza, ainsi que d’autres structures de soins. Les autorités sanitaires signalent par ailleurs une rupture totale de stock pour plus de la moitié des médicaments essentiels.

Le personnel médical subit des raids répétés. Des soignants ont été tués, arrêtés ou menacés — y compris un médecin de MSF toujours détenu sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui. Dans les structures que nous soutenons à Gaza City, nous constatons une augmentation du nombre de blessés, avec des traumatismes de plus en plus graves. Les patients nécessitant des soins intensifs risquent de mourir s’ils doivent être évacués à cause de la fermeture des hôpitaux. Les personnes en situation de handicap, malades ou blessées ne pourront tout simplement pas être évacuées.

La famine comme instrument politique

Le siège imposé à Gaza a engendré une famine : les restrictions sur l’accès à la nourriture, à l’eau potable, aux médicaments et à l’aide humanitaire font exploser les taux de malnutrition aiguë. Les civils, désespérés, se rendent aux points de distribution d’aide au péril de leur vie — depuis des mois, les cliniques de MSF prennent en charge des blessés en masse, victimes de tirs israéliens sur les sites de distribution alimentaire gérés par le GHF.

Les opérations terrestres doivent cesser immédiatement

Les forces israéliennes cherchent à chasser les Palestiniens de Gaza City par des actes de génocide, de nettoyage ethnique et en imposant des conditions de vie intenables. Aucun endroit n’est sûr, et les quantités d’aide humanitaire sont largement insuffisantes, acheminées par des routes extrêmement dangereuses pour les civils. La destruction des infrastructures vitales se poursuit, de manière délibérée.

MSF appelle à la fin immédiate de l’utilisation des ordres d’évacuation comme moyen de déplacement forcé, à un cessez-le-feu durable, et à l’entrée massive de l’aide humanitaire. Nous demandons la protection des structures médicales et une coordination des mouvements des acteurs humanitaires. La destruction systématique d’une ville entière et de sa population doit cesser.

Nous appelons les alliés d’Israël à suspendre immédiatement les transferts d’armes et à intensifier la pression pour mettre fin à l’offensive. Sans intervention urgente et radicale, Gaza court à l’anéantissement total.

Partager

Recevez des mises à jour par e-mail

En cliquant sur « S'abonner », je confirme avoir lu et accepté la Politique de confidentialité.

À propos de MSF/AZG

Médecins Sans Frontières est une organisation médicale humanitaire d’urgence, active dans plus de 70 pays du monde.

Contact

+32 475 40 60 76

presse@msf.be

www.msf.be