Le navire de sauvetage de MSF retenu en Italie suite aux menaces des garde-côtes libyens
22 mars 2024, Rome, Italie - Le Geo Barents, navire de recherche et de sauvetage de l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF), a été placé en détention pour une période de 20 jours par les autorités italiennes. Cette décision fait suite à des accusations selon lesquelles le navire n'aurait pas respecté les instructions des garde-côtes libyens et aurait mis en danger la vie des survivants lors d'une opération de sauvetage en Méditerranée centrale le 16 mars dernier. MSF dément fermement ces allégations.
MSF dénonce vivement l'imposition de sanctions à l'encontre de son navire, ainsi que la coopération systématique de l'Italie avec les garde-côtes libyens pour empêcher les personnes de chercher sécurité et protection en Europe.
"Les actions de l'Italie sont scandaleuses", déclare Juan Matias Gil, représentant de MSF pour la recherche et le sauvetage. "Les autorités auxquelles nous sommes accusés de désobéir - les garde-côtes libyens soutenus par l'Italie - sont celles qui ont mis en danger la vie des gens ce jour-là. Pourtant, c'est nous qui sommes sanctionnés simplement pour avoir rempli notre devoir légal de sauver des vies en mer".
Le 16 mars, une équipe de MSF est intervenue pour secourir 146 personnes en détresse à bord d'un bateau en bois naviguant dans les eaux internationales. Au cours de l'opération de sauvetage, un patrouilleur des gardes-côtes libyens - fourni à la Libye par le gouvernement italien en 2023 - est arrivé sur les lieux et a tenté d'interrompre l’opération de sauvetage. Les membres de la Garde côtière libyenne ont cherché à monter de force à bord d'un des bateaux de sauvetage de MSF et ont agressivement menacé les survivants ainsi que le personnel de MSF d’arrestations et de renvoi forcé en Libye.
Pendant plus de deux heures, le patrouilleur libyen a effectué des manœuvres dangereuses pour tenter de bloquer le sauvetage en cours, mettant en danger la vie de dizaines de personnes, y compris des membres du personnel de MSF.
"Cette détention est le dernier exemple de l'hypocrisie de l'Union européenne (UE) et de ses États membres, qui cherchent à punir les personnes impliquées dans les activités de recherche et de sauvetage, tout en étant complices des violents refoulements de milliers de personnes vers la Libye chaque année", déclare M. Gil. "Les autorités italiennes nous demandent constamment de coordonner les sauvetages avec les garde-côtes libyens, alors qu'elles savent très bien que la Libye n'est pas un lieu sûr pour les réfugiés et les migrants, et que renvoyer des personnes en détresse en mer en Libye constitue un crime."
L'immobilisation du Geo Barents marque la vingtième fois qu'un navire de recherche et de sauvetage humanitaire est immobilisé depuis l'entrée en vigueur, début 2023, d'une nouvelle loi italienne qui cible et entrave intentionnellement les activités de recherche et de sauvetage en mer des organisations non gouvernementales (ONG).
"Ces dernières années, les ONG ont été harcelées et criminalisées par les gouvernements européens, y compris l'Italie", déclare M. Gil. "Ce comportement est une tactique politique malhonnête visant à empêcher à tout prix l'arrivée de personnes sur les côtes européennes. Le Geo Barents opère toujours dans le respect du droit maritime international. Nous avons fait appel de cette détention injuste et dangereuse devant les tribunaux. Une fois de plus, ce sont les personnes qui tentent de fuir la Libye qui paient le prix fort, car un autre navire de recherche et de sauvetage est empêché de sauver des vies en mer."
En plus de violer les lois internationales et européennes, la loi italienne 15/2023, également connue sous le nom de décret Piantedosi, a exacerbé la capacité déjà insuffisante de recherche et de sauvetage en mer, rendant la Méditerranée centrale - l'une des routes migratoires les plus dangereuses au monde - encore plus mortelle.
MSF demande aux autorités italiennes de cesser immédiatement d'entraver l'assistance des ONG en mer et demande à l'UE et à ses États membres de cesser tout soutien matériel et financier aux garde-côtes libyens et aux autorités qui ont un lourd passif en matière de violations des droits de l'homme.
Vidéo de l'avion Seabird, Sea Watch, montrant la rencontre du Geo Barents avec les garde-côtes libyens dans les eaux internationales le 16 mars 2024.
C'est à ce moment-là, le 16 mars, que le LCG-302, un bateau des garde-côtes libyens financé par l'UE, a manœuvré de manière imprudente et a tenté de sauter dans l'un des RHIBS du GeoBarents, mettant en danger les survivants et les équipes de MSF.
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Background Information
Le 16 mars 2024, les équipes de MSF ont mené trois opérations de sauvetage différentes en Méditerranée centrale. Dans l'après-midi, après un premier sauvetage de 28 personnes sur un bateau en fibre de verre, l'équipe MSF a commencé à secourir 146 personnes en détresse sur un bateau en bois. Au cours de l'opération de sauvetage, les garde-côtes libyens sont intervenus dangereusement et ont retardé l'achèvement du sauvetage. Plus tard dans la nuit, les équipes de MSF ont secouru 75 personnes d'un autre bateau en fibre de verre qui avait chaviré, plongeant environ 45 personnes dans l'eau. Les 249 survivants, dont un grand nombre d'enfants, ont débarqué le 20 mars à Marina Di Carrara, dans le nord de l'Italie.
MSF mène des activités de recherche et de sauvetage depuis 2015, travaillant sur huit navires de sauvetage différents (seule ou en partenariat avec d'autres ONG) et sauvant plus de 91 000 personnes. Depuis le lancement des opérations de recherche et de sauvetage à bord du Geo Barents en mai 2021, les équipes de MSF ont secouru plus de 11 300 personnes, récupéré les corps de 13 personnes et aidé à l'accouchement d'un bébé.