Un nouveau rapport de MSF montre l'ampleur des souffrances causées par le système des "Hotspots'" mis en place par l'Union Européenne sur les iles grecques

EMBARGO JUSQU'A CE SOIR, 9 JUIN A 23H00

Dans un rapport publié aujourd'hui, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle une nouvelle fois les dirigeants européens à changer complètement leur approche migratoire et à cesser d'intensifier leurs politiques actuelles de confinement et de dissuasion, qui causent des dommages évitables sur la santé et le bien-être des demandeurs d'asile, réfugiés et des autres personnes migrantes.

Rapport (en anglais), executive summary (en anglais) en video (B-roll) en pièces jointes.

"Depuis plus de cinq ans, la politique de l'Union européenne (UE) consistant à contenir les gens et à traiter leurs demandes d'asile dans des hotspots, sur les îles grecques, a créé une crise sans précédent et une énorme souffrance humaine. Ce ne sont pas des conséquences involontaires", a déclaré Reem Mussa, conseillère humanitaire de MSF sur la migration et l'une des auteures du rapport. "Le modèle des hotspots de l'UE est conçu non seulement pour traiter les demandes d'asile des migrants, mais aussi pour dissuader les autres qui osent venir chercher la sécurité en Europe."

Le rapport, intitulé "Constructing Crisis at Europe’s Borders", montre comment les politiques migratoires de l'UE mettent en péril la santé, le bien-être et la sécurité des personnes bloquées sur les îles grecques. Les personnes qui ont survécu à la violence et à l'adversité sont bloquées dans des conditions épouvantables, sans informations sur leur statut juridique et soumises à des procédures brutales aux frontières et en matière d'asile. Ce système a infligé la misère, mis des vies en danger et érodé le droit d'asile.

En 2019 et 2020, les cliniques de santé mentale de MSF à Chios, Lesbos et Samos ont soigné 1369 patients, dont beaucoup souffraient de graves troubles de santé mentale, notamment de stress post-traumatique et de dépression. Plus de 180 personnes soignées par MSF s'étaient automutilées ou avaient tenté de se suicider. Deux tiers d'entre elles étaient des enfants, la plus jeune n'avait que six ans.

Les patients de MSF ont cité le stress quotidien et les peurs constantes comme des facteurs importants ayant un impact sur leur bien-être et leur santé mentale. Il s'agit notamment du fait de vivre dans de mauvaises conditions, des procédures administratives et d'asile compliquées, de l'exposition à la violence et à l'insécurité, de la séparation des familles, des besoins médicaux non satisfaits et de la peur de l'expulsion.

De plus, pendant des années, les besoins vitaux les plus élémentaires ont été négligés sur les îles grecques. MSF et d'autres ONG ont continuellement été obligées d'intervenir pour fournir des services cruciaux, allant des soins de santé à l’approvisionnement en eau. Entre octobre 2019 et mai 2021, les équipes de MSF ont acheminé par camion plus de 43 millions de litres d'eau potable pour les habitants du hotspot surpeuplé de Vathy, sur l’ile de Samos, où l'eau est impropre à la consommation.  

"Bien qu'ils prétendent changer pour le mieux, l'UE et le gouvernement grec dépensent des millions d'euros pour standardiser et intensifier des politiques qui ont déjà fait tant de mal", déclare Iorgos Karagiannis, chef de mission MSF en Grèce.

"Il est choquant de constater que le hotspot de Moria, sur l’ile de Lesbos, qui était non seulement dysfonctionnel mais aussi mortel, sert désormais de modèle pour un nouveau centre de type carcéral à Samos. Ce nouveau centre, situé dans une zone isolée et exposée de l'île, accueillera des personnes dans des conteneurs de transport, entourés de fils barbelés, avec des entrées et sorties contrôlées. Ce projet ne peut être vendu comme une amélioration des conditions de vie des gens. Au contraire, cela continuera à détériorer la santé mentale des personnes, à provoquer une nouvelle crise de protection et à rendre encore plus invisible la souffrance des personnes piégées sur les îles grecques."

L'UE et le gouvernement grec intensifient la crise en prévoyant de nouveaux centres polyvalents d'accueil et d'identification dans des endroits reculés des îles grecques. L'un de ces centres restrictifs est déjà en cours de construction à Samos et pourrait être opérationnel en juin 2021. 

"Il n'est pas trop tard pour faire preuve de compassion et de bon sens. L'UE et ses États membres doivent mettre fin aux politiques de confinement et faire en sorte que les personnes arrivant en Europe aient accès à une aide d'urgence, ainsi que faciliter l'accès à la protection et à la relocalisation vers un accueil et une intégration sûrs dans les communautés à travers l'Europe", conclut Reem Mussa. 

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