Gaza : la guerre totale d'Israël doit cesser et ses alliés doivent arrêter de l'autoriser
Après presqu'un an de bombardements et de siège sur Gaza, Israël doit mettre un terme au massacre aveugle de civils et doit faciliter de toute urgence l'acheminement de l'aide, notamment par la réouverture des points de passage, et notamment celui de Rafah, conformément aux mesures demandées par la Cour internationale de justice.
Suite aux atrocités commises par le Hamas le 7 octobre 2023, ayant causé jusqu'à 1 200 morts et pris environ 250 personnes en otage, les forces israéliennes ont déclenché une guerre totale contre la population de Gaza, entraînant la mort de plus de 41 500 (1) personnes et en blessant plus de 96 000. La population a été déplacée à plusieurs reprises, contrainte de se réfugier dans des zones de plus en plus exiguës sous les bombardements, dans des conditions de plus en plus inhumaines.
Possibilité d'interview avec notre expert Emmanuel Massart, responsable des opérations MSF à Gaza
Annexe : aperçu détaillé des activités de MSF à Gaza (en fin de communiqué)
Au cours de l'année écoulée, Israël, le Hamas et leurs alliés respectifs ont lamentablement échoué à établir un cessez-le-feu durable à Gaza, alors que le risque d'un conflit régional généralisé augmente. Israël doit mettre immédiatement un terme aux tueries indiscriminées de civils à Gaza et faciliter de toute urgence l'acheminement de l'aide humanitaire pour soulager les souffrances, notamment en rouvrant les points de passage frontaliers essentiels, conformément aux exigences de la Cour internationale de justice.
Le personnel médical de Médecins Sans Frontières (MSF) s'occupe chaque jour de patients blessés par les bombardements massifs. Les victimes présentent de graves brûlures, des fractures et des mutilations. Depuis le début de la guerre, les équipes de MSF ont pris en charge plus de 27 500 patients souffrant de blessures liées à la violence, dont plus de 80 % ont été causées par des bombardements.
« Les frappes israéliennes sur des zones densément peuplées ont provoqué des blessures massives. Nos équipes ont dû réaliser des interventions chirurgicales sans anesthésie, ont assisté à la mort d'enfants à même le sol des hôpitaux faute de ressources, et même soigné leurs propres collègues et membres de leur famille », déclare le Dr Amber Alayyan, responsable du programme médical de MSF. « Pendant ce temps, le système de santé à Gaza a été systématiquement détruit par les forces israéliennes. »
Réduction de l'aide humanitaire, augmentation des besoins
MSF faisait déjà face aux conséquences du blocus israélien et des attaques récurrentes sur la population de Gaza depuis 17 ans, prenant en charge des patients souffrant de blessures chroniques, de troubles mentaux et de graves brûlures subies avant le 7 octobre. Cependant, depuis cette date, alors que les besoins ont explosé en raison des frappes intensifiées d'Israël, l'accès aux soins de santé a été considérablement réduit.
Aujourd'hui, seuls 17 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent partiellement (2). Les belligérants ont mené des hostilités à proximité des établissements médicaux, mettant en danger patients, soignants et personnel médical. Six membres de MSF ont perdu la vie. Depuis octobre 2023, le personnel et les patients de MSF ont dû évacuer 14 structures de santé en raison d'incidents graves et de combats en cours. Chaque évacuation d'une installation médicale entraîne la perte d'accès à des soins vitaux pour des milliers de personnes. Les conséquences sur la santé de la population seront importantes, tant à court terme que dans les semaines et les mois à venir.
Le manque d'accès aux soins de santé est aggravé par l'insuffisance d’aide humanitaire à Gaza. Les autorités israéliennes imposent régulièrement des critères flous et imprévisibles pour autoriser l'entrée de ces fournitures. Et si celles-ci parviennent à Gaza, elles n'atteignent souvent pas leur destination en raison de l'absence de routes sûres et accessibles, des combats en cours et des pillages de nourriture et de produits de première nécessité.
« Alors que les besoins médicaux à Gaza augmentent, notre capacité à y répondre reste limitée ; nous ne parvenons pas à acheminer suffisamment d’aides humanitaires et médicales », déclare le Dr Alayyan. « Les hôpitaux de campagne que nous avons établis en dernier recours ne sont qu'un pansement face aux ravages causés par la guerre et la destruction du système de santé. Même leur mise en place a été entravée et retardée en limitant notre capacité à nous procurer les matériaux et équipements nécessaires. Dans l'état actuel des choses, les établissements de santé encore opérationnels ne peuvent pas faire face aux énormes besoins. »
À mesure que l'accès aux soins médicaux diminue, les options pour les habitants de Gaza cherchant à bénéficier de soins nécessaires se restreignent également. Les ordres d'évacuation répétés ont déplacé 90 % de la population vers ce qu'Israël considère comme des zones plus sûres, ayant néanmoins été bombardées à maintes reprises. Les gens sont maintenant confinés dans une zone minuscule de 41 kilomètres carrés (3), où ils manquent de nourriture, d'eau et d’abris. Le risque de maladies augmente en raison de la surpopulation. Parmi les deux millions d'habitants de Gaza, au moins 12 000 personnes ont un besoin urgent d'évacuation médicale (4). Il est crucial de faciliter l'évacuation médicale de ceux qui en ont besoin, ainsi que le droit des Palestiniens cherchant à assurer leur sécurité et celle de leurs familles de quitter Gaza, tout en garantissant un retour en toute sécurité, volontaire et digne.
Inaction et allégeances politiques
Si les 12 derniers mois ont été marqués par des actions destructrices, ils ont également été caractérisés par une inaction honteuse.
« Pendant un an, les alliés d'Israël ont continué à lui fournir un soutien militaire, alors que des enfants sont tués en masse, que des chars tirent sur des abris supposés être sécurisés et que des avions de chasse bombardent des zones soi-disant humanitaires », déclare Chris Lockyear, secrétaire général de MSF. « Cela a été accompagné d'un discours public déshumanisant la population de Gaza, ne faisant aucune distinction entre cibles militaires et vies civiles. La seule façon de mettre fin aux tueries est d'instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable. »
A maintes reprises, les allégeances politiques ont prévalu sur la vie humaine. Alors que les alliés d'Israël parlent publiquement de l'importance d'un cessez-le-feu et de la nécessité de faciliter l'aide humanitaire à Gaza, ils continuent de fournir des armes à Israël. Les États-Unis, en particulier, tout en appelant récemment à un cessez-le-feu, ont souvent œuvré pour obscurcir, bloquer et saper les efforts de cessez-le-feu par leur rôle au Conseil de sécurité des Nations unies.
Entre-temps, la guerre à Gaza a exacerbé les tensions régionales, atteignant des sommets désastreux. Les attaques israéliennes se sont intensifiées en Cisjordanie et maintenant au Liban, avec des conséquences déjà dévastatrices pour les civils.
MSF demande :
- Un cessez-le-feu durable doit être immédiatement instauré.
- Les massacres de civils doivent cesser sans délai.
- La destruction du système de santé et des infrastructures civiles doit s'arrêter.
- Le blocus de Gaza doit être levé.
- Israël doit ouvrir les points de passage vitaux, notamment le passage de Rafah, pour garantir l'acheminement urgent de l'aide humanitaire et médicale à ceux qui en ont besoin.
- Israël doit garantir l'évacuation médicale des personnes nécessitant des soins spécialisés, ainsi que de leurs soignants, et permettre à ceux souhaitant chercher refuge à l'étranger de le faire, tout en assurant à tous un retour sûr, volontaire et digne à Gaza.
- Le Conseil de sécurité des Nations unies doit agir pour garantir un cessez-le-feu en tant que garant de la paix et de la sécurité internationales et mettre fin à sa complaisance face à la destruction en cours de la bande de Gaza.
Un an escalade Gaza - Dossier de presse
PDF - 1.9 Mb
(1) OCHA: https://www.ochaopt.org/content/humanitarian-situation-update-224-gaza-strip
(3) OCHA: https://www.ochaopt.org/content/humanitarian-situation-update-209-gaza-strip
(4) WHO: Microsoft Power BI
Quentin Barrea