Épidémie de choléra à Kinshasa, la plus grave depuis 20 ans (vidéo)
MSF renforce son soutien dans les quartiers touchés
L’épidémie touche maintenant la capitale du pays, Kinshasa. Cette mégapole de 12 millions d’habitants, centre névralgique des échanges commerciaux à travers le pays où vit un congolais sur six, reste vulnérable au choléra par le manque d’approvisionnement d’eau potable, le manque d’assainissement et le manque d’infrastructures sanitaires adaptées à la prise en charge dans les quartiers affectés par l’épidémie. Depuis la fin de Novembre 2017 jusqu’au 22 Janvier 2018, 826 nouveaux cas suspects et 32 décès (taux de létalité de 3,8%) ont été signalés aux autorités sanitaires, ce qui rend la situation très préoccupante.
Afin de maitriser l’épidémie, en soutien au Ministère de la Santé, les équipes de MSF sont en train de renforcer les deux Unités de Traitement du Choléra de Camp Luka et de Pakadjuma, assurant ainsi la prise en charge des malades 24h/24h dans les zones sanitaires les plus touchées de la ville.
« A partir de la semaine dernière, face à l’avancée de l’épidémie, nous sommes intervenus avec une prise en charge clinique des patients, la mise en place de 10 points de réhydration orale, la surveillance épidémiologique, la sensibilisation de la population et le service d’ambulances » explique Jean Liyolongo, du Pool d’Urgence Congo de MSF. « Le choléra touche des communes de Kinshasa avec une très haute concentration de population, où il est donc crucial d’agir rapidement pour arrêter la transmission de l’épidémie. De plus, avec une prise en charge rapide et gratuite des patients, accompagnée d’un soutien réel aux prestataires, on peut correctement soigner les malades.»
Le choléra est une maladie hautement transmissible dans des zones avec un faible accès à l’eau potable et à l’assainissement, elle provoque de graves diarrhées et vomissements, entraînant une déshydratation rapide des patients.
« Il y a quelques jours, j’ai commencé à être très malade, à avoir une forte diarrhée et des vomissements. Dans mon quartier, ici à Camp Luka, il y avait déjà eu beaucoup de cas de choléra. C’est pour ça que j’ai demandé à mon mari de m’accompagner au centre de santé », raconte Marie (*prénom d'emprunt), patiente dans l’Unité de Traitement MSF au Camp Luka. « J’étais très faible et donc nous avons essayé de prendre une moto taxi, mais tout le monde refusait de nous laisser monter. Ici à Kinshasa le choléra est très stigmatisé, c’est la maladie de la honte. Mon mari a dû me transporter pour 3 km sur son dos jusqu’ici ».