Crise de l’accueil : MSF dénonce la situation chaotique au Petit-Château
Contrairement aux déclarations des autorités compétentes, l’opération d’évacuation du squat rue des Palais à Schaerbeek s’avère être un échec total. Si quelques 250 personnes ont pu intégrer les structures d'hébergement proposées par les ONG, pas moins de 200 migrants et demandeurs d’asile se sont retrouvés à la rue, sans possibilité d’hébergement. Des dizaines d’entre eux se sont vu forcés de se rassembler en face du Petit-Château, là où une soixantaine d’Afghans occupent les lieux depuis 6 mois, conséquence d’une gestion désastreuse de l’Etat.
Ce que l’on peut désormais définir comme « camp » compte actuellement 110 tentes. Une centaine de personnes ont été relogées par le Samusocial et BXLrefugees, la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés. Mais de nouveaux arrivants ont déjà pris possession des tentes laissées vides. Le campement semble grandir de jour en jour et le risque d’appel d’air inquiète, les personnes à la rue voyant le lieu comme une porte d’entrée vers le réseau d’accueil.
Bien que promis par les autorités en cas de surcharge des centres d’accueil, le plan de crise provincial n’a pas été déclaré laissant ces personnes à la rue, dans des conditions déplorables. L’impact de la situation sur la santé mentale des migrants est considérable. Nombre d’entre eux ont derrière eux un parcours migratoire jalonné de violences et de privations. Une fois arrivés en Belgique, ils espèrent trouver un peu de répit dans l’attente du traitement de leur demande de protection. Une fois encore, les équipes de Médecins Sans Frontières sont présentes pour tenter de gérer au mieux la situation, et pallier l’inaction des autorités.
Opérations de MSF
Intervention WASH dans le centre de Bruxelles: MSF a été obligé d’intervenir comme elle le fait dans des régions en crise comme au Sahel. La semaine dernière des points d’eaux permettant l’accès à l’eau courante et des toilettes et urinoirs mobiles ont été installés afin de permettre aux résidents du camp d’accéder à l’hygiène de base et la dignité que l’on est en droit d’attendre au cœur de la capitale européenne.
Clinique mobile : pour la deuxième semaine consécutive, MSF utilisera un bus médical pour offrir des consultations aux personnes présentes dans les campements. Vendredi dernier, 26 consultations ont été effectuées en l’espace d’une matinée. Sur ces 26 personnes demandeuses de protection internationale, 20 provenaient du squat à Palais, ce qui contredit le discours officiel selon lequel « tout le monde a été relogé ».
Les plus vulnérables également à la rue
Aujourd’hui près de 90% des patients vu par les équipes MSF en consultation sont demandeurs de protection. Malgré l’extrême vulnérabilité de certains profils, Fedasil n’est plus en mesure d’assurer le suivi et leur prise en charge. Ces profils ne sont dorénavant plus accueillis systématiquement par Fedasil et sont dès lors laissés en rue. Les conséquences de cette situation sont dramatiques. Jeudi 23/02, un patient désespéré a tenté de mettre fin à ses jours en voulant se défenestrer au Hub Humanitaire, et ce devant des équipes déjà épuisées par la situation.
Selon le discours officiel, les profils vulnérables seraient systématiquement accueillis. Seuls les hommes isolés et considérés comme en bonne santé dormiraient en rue. Pourtant, l’équipe médicale de MSF a pu identifier une personne LGBTQI+sur le campement. Pourtant considérée comme profil vulnérable par Fedasil, devant bénéficier ,en principe, d’un accès systématique à l’hébergement, cette personne se trouvait à la rue, après avoir séjourné au squat rue des Palais. MSF a procédé au référencement de cette personne, qui a pu finalement entrer dans le réseau d’accueil.
Des engagements non tenus
Les conditions de vie dans le camp du Petit-Château sont proprement indignes pour la Belgique. MSF demande que le gouvernement tienne ses engagements et que l’ensemble des demandeurs de protection en rue soit relogés immédiatement.