Burundi : MSF clôt une seconde intervention d’urgence pour les réfugiés congolais
Depuis le début de l’année, des dizaines de milliers de personnes ont fui l’instabilité persistante dans l’est de la République démocratique du Congo pour trouver refuge au Burundi. Dans le sud-est du pays, plus de 17.000 réfugiés vivent aujourd’hui dans le site de Musenyi, où les conditions de vie précaires et l’accès limité aux soins ont favorisé l’apparition de nombreuses maladies et complications, en particulier liées au paludisme. Après une première intervention en début d’année, Médecins Sans Frontières (MSF) est intervenue une seconde fois cet été pour renforcer la prise en charge du paludisme sévère et prévenir sa propagation.

« Le pic saisonnier de paludisme au printemps a entraîné une augmentation des cas graves, souvent associés à des complications comme l’anémie sévère, l’hypoglycémie, des détresses respiratoires ou l’insuffisance rénale », explique le docteur Jean-Claude Cishahayo, responsable de l’intervention de MSF à Gihofi. « La seule structure de santé sur le site de réfugiés de Musenyi, gérée par une association locale, est débordée. Et le manque de médicaments est dramatique. Ce qui a entraîné de nombreuses complications et, malheureusement, des décès. »
Renforcer les soins d’urgence durant le pic de paludisme
Entre février et avril 2025, près de 30 % des enfants de moins de cinq ans transférés de Musenyi vers les structures de santé environnantes n’ont pas survécu. Un taux de mortalité alarmant, également dû au manque d’ambulances disponibles pour les urgences médicales: paludisme grave, complications obstétricales, besoins en transfusions sanguines ou d’infections sévères.
Face à cette situation, MSF a déployé mi-juin des équipes pour soutenir l’hôpital de Gihofi, en ciblant la prise en charge du paludisme grave chez les enfants et les femmes enceintes, particulièrement vulnérables. Une ambulance a également été mise à disposition pour assurer les transferts depuis et vers le site de réfugiés de Musenyi.
Outre l’appui médical à la prise en charge, MSF a élargi les capacités d’accueil en pédiatrie, en portant le nombre de lits de 45 à 70.
« Notre priorité était de faire baisser la mortalité durant le pic palu », poursuit le Dr Cishahayo. « Les cas graves ont baissé et nous avons pu retirer nos équipes de l’hôpital mi-août. Mais les défis restent nombreux, comme l’accès au sang pour les transfusions. La chaîne de froid nécessaire à sa conservation se trouve à Rutana, à une trentaine de minutes d’ici. »
Des actions préventives pour les réfugiés de Musenyi
Parallèlement à ce soutien hospitalier, MSF a poursuivi ses efforts de prévention sur le site de Musenyi. En avril, lors d’une première intervention d’urgence, 8 000 moustiquaires imprégnées avaient été distribuées aux familles. Une campagne de vaccination contre la rougeole avait également permis d’immuniser 8 500 enfants, en collaboration avec les autorités sanitaires burundaises.
Début juillet, les équipes de MSF sont revenues sur le site installer des systèmes répulsifs anti-moustiques dans les 116 hangars collectifs où résident des familles, avant de lancer début août une vaste campagne de pulvérisation d’insecticide à effet rémanent, protégeant plus durablement les réfugiés du site des moustiques porteurs du paludisme. Cette campagne a permis de traiter 1.146 abris du site contre les moustiques.
Les équipes de MSF ont quitté le site mi-aout, en remettant du matériel médical - médicaments, lits, matelas – à la structure de santé du site où une nouvelle organisation est venue épauler l’association qui la gérait. Ses équipes continuent de suivre la situation et se tiennent prêtes à intervenir à nouveau en cas de besoin urgent.
Des besoins toujours immenses
Malgré ces efforts, l’accès aux soins de base reste très préoccupant à Musenyi. De nombreux réfugiés font état de pénuries chroniques de médicaments et de transferts hospitaliers souvent retardés.
« Il est évident que cette population vulnérable a besoin d’un appui médical renforcé », alerte Adélaïde Ouabo, coordinatrice des projets MSF au Burundi. « L’intervention de MSF à Gihofi et à Musenyi était cruciale, mais elle ne peut, à elle seule, répondre à des besoins aussi immenses. L’urgence est aussi d’améliorer durablement les conditions de vie et l’accès aux soins. »
Alors que les violences se poursuivent en RDC, de nouveaux réfugiés continuent d’arriver au Burundi. A Musenyi, un site conçu à l’origine pour accueillir 10.000 personnes, une extension a été lancée par le gouvernement burundais et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), afin de pouvoir accueillir jusqu’à 30 000 personnes.
Espérance Wabiwa, aged 26, arrives with an MSF car at the Musenyi refugee site with her baby in her arms after giving birth in the Gihofi hospital. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
A sign at the entrance of the Gihofi District Hospital, which is located near the Musenyi refugee camp. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
Daudi Ismael is holding a syringe, a catheter and a malaria treatment, which a nurse at Gihofi Hospital will administer to his five-year-old nephew, Shukuru.  From June to August, MSF teams supported the treatment of severe malaria cases among children and pregnant women in the emergency, paediatric, and maternity wards. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
A temporary extension set up by MSF in the paediatric ward of Gihofi Hospital. During the peak of the malaria season, a total of 20 additional beds were installed to care for pregnant women and children affected by the disease. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
Interior view of a collective housing shed at the Musenyi refugee site, where MSF teams installed mosquito repellent systems.  These repellents were placed in 116 sheds on the site in July, a few weeks before the launch of a large-scale, long-lasting mosquito spraying campaign. This provided refugees with more lasting protection against malaria. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
A team prepares equipment needed for the installation of mosquito repellents in 116 collective housing sheds at the Musenyi refugee site.  These repellents were installed in July, just a few weeks before the launch of a large-scale campaign to spray long-lasting insecticide. This provided refugees with more lasting protection against malaria. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
Teams are trained on mosquito repellents systems, which were installed in July in the 116 collective housing sheds at the Musenyi site.  These repellents were installed a few weeks before the launch of a large-scale, long-lasting mosquito spraying campaign. This provided refugees with more lasting protection against malaria. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
Interior view of a collective housing shed at the Musenyi refugee site.  All new arrivals are housed in these sheds while they wait to be allocated family shelters. The largest families are given priority for shelter allocation, and many sheds are overcrowded. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
Congolese refugees from the Musenyi site collect water from the installed taps.  The minimum standard for water consumption in a humanitarian camp is 20 litres per person per day to cover basic hydration and hygiene needs. Copyright Dorine Niyungeko/MSF
View of the Musenyi refugee site in south-eastern Burundi.  Although the site was initially designed to accommodate 10,000 refugees, by August it was home to more than 17,000 people. As well as small shelters, the site has 116 hangars serving as collective shelters. An extension of the site has been done in August 2025 to accommodate more people. Copyright Dorine Niyungeko/MSFQuentin Barrea