Au Cameroun, MSF contrainte de retirer ses équipes de la région du Nord-Ouest

Après près de huit mois de suspension par les autorités camerounaises, l’organisation médicale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) se voit contrainte de retirer ses équipes de la région du Nord-Ouest durement affectée par des années de violence armée entre forces de sécurité et groupes armés séparatistes.

« Nous ne pouvons rester plus longtemps dans une zone où nous ne sommes pas autorisés à offrir des soins à la population », explique Emmanuel Lampaert, coordinateur des opérations de MSF pour l’Afrique centrale.  « Nous ne pouvons malheureusement maintenir notre personnel en stand-by plus longtemps nous n’avons donc d’autre choix que de retirer nos équipes. Nous garderons toutefois un petit bureau de liaison à Bamenda, la capitale régionale, afin de poursuivre le dialogue avec les autorités. »

Depuis 2018, MSF assurait des soins médicaux d’urgence et un service d’ambulance gratuits dans la région du Nord-Ouest. En décembre 2020, les autorités camerounaises y suspendaient toutefois ses activités[1], officiellement jusqu’à ce que son cadre de collaboration avec le gouvernement soit revu. Cette décision intervenait cependant après une série d’allégations accusant MSF de soutien aux groupes armés locaux, accusations que MSF a sans cesse catégoriquement rejetées, que ce soit dans ses échanges avec les autorités ou dans l’espace public.[2] En dépit de mois d’échanges avec les autorités, aucune reprise des activités n’a jusqu’ici été accordée.

« Cette suspension réduit considérablement l’offre de soins disponible dans une zone où les populations sont particulièrement affectées par les violences », poursuit Lampaert. La population paie un très lourd tribut de cette situation. Si les autorités décident de lever notre suspension, nous reprendrons nos interventions médicales au plus vite. »

Depuis 2018, MSF était l’une des rares ONG internationales à offrir des soins gratuits aux populations du Nord-Ouest, et assurait le seul service d’ambulance gratuit disponible jour et nuit.

Près de quatre années de crise ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes, et un grand nombre de structures sanitaires ne sont plus fonctionnelles. L’accès aux structures de soins reste difficile pour une partie de la population du fait de contraintes financières, sécuritaires et géographiques.

« Il est fondamental que d’autres institutions viennent apporter un soutien supplémentaire au ministère de la Santé pour garantir des soins aux populations vulnérables de cette région », poursuit Emmanuel Lampaert. « Mais cela doit se faire dans le respect absolu des patients, structures et du personnel de santé », souligne-il. « Depuis 2018, nous avons été témoins de nombreuses attaques et intimidations à leur encontre. Nous en avons été victimes aussi. »

En 2020, jusqu’à la suspension de ses opérations le 8 décembre, les équipes de MSF dans le Nord-Ouest ont soigné 180 survivantes de violences sexuelles, assuré 1725 consultations de santé mentale, effectué 3272 interventions chirurgicales et transporté 4407 patients en ambulance, dont plus de 1000 étaient des femmes sur le point d’accoucher.

[1] https://www.msf.fr/communiques-presse/cameroun-la-suspension-des-activites-imposee-a-msf-dans-le-nord-ouest-prive-des-milliers-de-personnes-de-soins-vitaux

[2] https://www.msf.org/fr/msf-rejette-les-all%C3%A9gations-de-soutien-%C3%A0-des-groupes-arm%C3%A9s-dans-le-nord-ouest

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A propos de MSF/AZG

Médecins Sans Frontières est une organisation médicale humanitaire d’urgence, active dans plus de 70 pays du monde.